Cette vente exceptionnelle, orchestrée par l’Ensemble Hospitalier de la Cote (EHC) et le Centre médical Pietro Sarto, s’est tenue en présence de l’artiste à l’Institution à Lavigny. Les fonds collectés sont entièrement dédiés au financement des soins d’enfants et à leurs familles.
« Tout s’est déroulé comme une feuille d’automne surfant dans les airs dont on ne voudrait jamais qu’elle touche le sol », selon l’adage du Dr Mikael de Rham, directeur général à l'EHC.
Dans une salle comble, le public a répondu présent à cette initiative qui s’inscrit dans une belle et longue histoire de solidarité et de sensibilité partagée entre l’institution morgienne et Pietro Sarto. Depuis des décennies, les œuvres du célèbre artiste installé sur les bords du Léman à Saint-Prex, accompagnent les séjours des patients de l’Hôpital de Morges. Ses gravures apportent leurs bienfaits, tant sur le plan psychologique que physiologique. Par cet acte empreint d’un engagement rare, l’artiste contribue à alléger depuis 50 ans les souffrances d’autrui à travers l’art.
Avec l’inauguration le 2 juillet dernier du Centre médical Pietro Sarto à Lavigny, nommé en hommage au peintre-graveur, la volonté d’offrir au sein d’une même structure une prise en charge diagnostique et thérapeutique la plus complète possible à des familles trop souvent en errance, devient une réalité. Plus de 180 enfants ont été reçus et bénéficient d’ores et déjà d’un suivi. Il a été démontré qu’une intervention précoce augmente de manière significative les résultats comme l’a souligné la Dre Eliana Koch-Coehlo, médecin responsable du centre.
Cependant, face à la croissance des demandes et aux difficultés des familles à supporter des coûts non couverts par le système de santé, une aide financière s’avère indispensable. « Nous nous devons d’être à côté de celles et ceux dont la vie a été bouleversée par l’apparition de symptômes ou l’annonce d’un diagnostic et nous nous devons d’assumer ce geste simple, humain, qu’on appelle solidarité », une évidence pour Mikael de Rham.
L’opération de bienfaisance a été menée main dans la main avec Pietro Sarto, profondément sensibilisé à la cause. À l’âge de dix ans, il s’était lié d’amitié avec un camarade autiste devenu un ami proche. Par la suite, il a accueilli dans son atelier des élèves souffrant de pathologies et leur a transmis patiemment son savoir : « Une personne atteinte d’autisme n’a pas l’ambition d’être un artiste, mais elle a besoin de l’art pour comprendre une certaine façon de vivre… »
C’est ainsi sans réserve que Pietro Sarto souscrit à la vente de huit gravures et renouvelle son indéfectible soutien. Né au Tessin en 1930, Pietro Sarto part pour Paris à 17 ans et s’initie à la gravure avec Albert Flocon, considéré comme un grand intellectuel humaniste, et Johnny Friedlander, originaire de la Haute-Silésie. De retour en Suisse, il crée à Villette l’Atelier de taille-douce et de lithographie, ouvert à de nombreux artistes. Trois ans plus tard, il se transporte au bourg de Saint-Prex, où il réside encore aujourd’hui. Très engagé dans la culture de la région, il connaît néanmoins une renommée internationale. Musées et galeries à travers le monde lui consacrent des rétrospectives qui soulèvent l’émerveillement. Sa capacité à capturer l’essence des émotions humaines confère une dimension unique à ses œuvres. Pietro Sarto nous bouleverse tant par ses réalisations artistiques que son esprit philanthropique, toujours vibrant et passionné à 94 ans ! Et c’est sans la moindre hésitation qu’il s’engage dans la cause essentielle qui nous tient tous à cœur, celle d’offrir aux enfants atteints de troubles chroniques une vie meilleure.
La vente aux enchères, organisée avec le soutien d'un groupe de femmes bénévoles - Les Ailes du cœur - s'est achevée par un moment émouvant. L’enthousiasme des acquéreurs pour les gravures de Pietro Sarto et leur générosité ont permis de récolter une somme précieuse, bien au-delà des attentes, permettant le financement de quelque 420 séances de logopédie ou physiothérapie pour les petits patients du centre médical Pietro Sarto. Des traitements essentiels, pourtant non pris en charge, que les parents ne peuvent assumer.
Mais laissons le mot de la fin à l'artiste, visiblement ému : « Merci ! Vous avez été plus que généreux. Merci pour les enfants. On n’en fera jamais assez pour les enfants… »